Trois questions à… Elsa Lautier

Trois Questions

1. Tu n’es pas à proprement parler une travailleuse du web, peux-tu nous résumer ton parcours ?

   Ma formation initiale n’a effectivement rien à voir avec le web. J’ai commencé par des études de lettres, puis face à l’absence de débouchés professionnels dans cette branche j’ai enchaîné sur une licence en communication. J’ai terminé par une année de césure au sein de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme : c’est à cette occasion que j’ai découvert le web ! Avant, avoir une adresse email était pour moi déjà un exploit…

   On m’a en partie confié l’appel d’offre et la gestion de la refonte du site de la Fondation, ce qui peut sembler incroyable… Le chantier a duré 6 mois, mené en collaboration avec une agence spécialisée qui nous a aidés à faire éclore le projet. C’était il y a trois ans, depuis l’agence m’a proposé un stage, je l’ai accepté et aujourd’hui c’est toujours pour elle que je travaille.

   Ma première mission en son sein a été de créer un blog sur le développement durable… Projet un peu laborieux parce que je n’avais jamais travaillé en agence et que, pour ne rien cacher, les aspects techniques des métiers du web m’étaient toujours majoritairement étrangers. La construction de ce projet a été une étape importante pour moi ; cet apprentissage, je le pense, n’aurait pas été possible sans la passion pour le web des personnes que j’ai pu rencontrer.

   A l’heure actuelle, je travaille dans une autre entité de l’agence, à la direction du développement durable, en tant que chef de projet. Et comme on ne se refait pas je finis un double master en Ressources Humaines et en développement durable.

2. Comment expliquer le décalage entre l’expérience de certains chefs de projet et l’envergure des chantiers qui leur sont parfois confiés ?

   Je pense que la raison principale est tout simplement l’ignorance, aussi bien face à l’ampleur de la tâche qu’à la complexité du projet. Le web n’est pas le cœur de métier de la Fondation Hulot (puisque c’est de ce projet qu’on parle) mais reste un vecteur de communication indispensable à ce type d’ONG, qui n’a pas les fonds nécessaires pour investir les médias traditionnels. Ce choix de me confier l’appel d’offre n’était pas une prise de risque calculée par mon employeur : les projets sont nombreux et les effectifs réduits, il fallait une personne pour prendre en charge le chantier et j’étais là.

   Je crois que personne chez nous n’avait vraiment anticipé à quel point le choix du prestataire était important.

   Dans ma tâche, heureusement, j’ai été aidée par deux professionnels qui travaillaient pour un grand cabinet de consulting informatique : ils sont intervenus dès l’appel d’offre, ont travaillé sur le cahier des charges et nous ont aidé à tout rationaliser. Ils ont suivi tout le projet et nous ont épaulés de bout en bout, le webmaster et moi. Je crois que personne chez nous n’avait vraiment anticipé à quel point le choix du prestataire qui allait s’occuper du site était important. Moment de désespoir quand nous nous sommes rendus compte de la masse de travail à effectuer… Finalement nous avons opté pour l’agence qui proposait la solution technique la plus adaptée à notre projet. Nous avons aussi reçu des propositions de prestataires plus « créatifs » (ou revendiqués comme tels) mais la priorité n’était pas là et ils ont été écartés.

   Mener à bien un projet web sans rien connaître du milieu est donc possible, c’est un apprentissage comme un autre, ni plus ni moins. Tout était nouveau pour moi et donc compliqué à appréhender, mais j’ai appris, je me suis intéressée au maximum et quand le site est sorti ça a été un soulagement. La dernière semaine j’ai cru qu’on n’y arriverait pas ! Une fois le site en ligne, j’ai été dans un premier temps fascinée parce qu’on avait pu accomplir, même si aujourd’hui quand je le vois je lui trouve plein d’imperfections. Je crois que c’est comme pour tout, on aura toujours des choses à redire ou à améliorer sur un projet.

   Si je devais refaire tout cela, il y a sûrement beaucoup de choses que je ne referais pas ! J’ai appris la valeur du travail que l’on nous vendait et maintenant, je m’en rends compte, certaines propositions commerciales qu’on nous a faites étaient au mieux hors-sujet… Heureusement que nous étions bien conseillés !

3. Quelle place penses-tu accorder au web dans ta carrière ?

   Je ne souhaite pas faire du web mon métier, pas que l’expérience m’ait dégouté, au contraire, mais ce n’est tout simplement pas une passion pour moi et pour le moment j’envisage autre chose.

   L’objectif pour le moment, c’est de finir mon master, en septembre (enfin !) et ensuite d’aller voir comment ça se passe ailleurs sur le développement durable. Mais je reste en lien avec les métiers du web via le blog dont j’ai la charge et dont je m’occupe des contenus. Ce n’est pas grand chose en comparaison de mon travail sur le site de la Fondation, mais cet outil reste un bon moyen pour moi d’acquérir des connaissances sur le sujet. Je ne reste pas fermée à la possibilité d’approfondir mes connaissances mais je ne pense pas que j’aurai envie de refaire de la gestion de projet web...

Interview réalisée en juillet 2011.